La vie de Château en 2 CV
La Bourgogne est une terre étonnamment riche en Châteaux et autres monuments.
Mes deux dernières journées de ce court périple échantillonnent le potentiel culturel de cette région.
Montréal, au Quebec, vous connaissez. Mais Montréal dans l'Yonne, peut être pas. En ancien Français cela signifie "Mont Royal". Il est vrai que François 1er y séjourna au moins deux fois...
Pour tout vous dire j'ai été déçu par le centre ville. On y trouve certes de jolies maisons, mais le plus intéressant reste la collégiale construite tout en haut du village.
Edifiée au retour de la deuxième croisade, c'est à dire entre 1250 et 1300, elle est surtout remarquable par ses stalles en chêne.
Ces 26 stalles (des rangées de sièges accolés les uns aux autres le long des murs) représentent des scènes du nouveau et de l'ancien testament ou des allégories.
Toujours dans l'Yonne, Noyers sur Serein est à mon avis plus joli. Toutes les rues ne ressemblent pas à cette place, mais dans l'ensemble c'est très sympa.
Noyers sur Serein est une petite cité moyenâgeuse, classée parmi les plus beaux villages de France. Une météo clémente offre l'opportunité de déjeuner en terrasse.
Prendre les chemins de traverse présente l'avantage de parfois faire des rencontres inattendues comme celle avec ce carrossier de Massangis, Patrick Capolungo, qui restaure, comme il le dit, tout ce qui peux l'être, et en particulier les voitures anciennes.
Pas de travail bâclé. Ici on décape à tôle nue et on refait les pièces qui sont attaquées par la rouille ou trop abimées. Un vrai carrossier tôlier.
Une petite devinette: un château de Bourgogne qui porte le nom d'un fromage?
Un des critères de mesure de la richesse était le nombre de boulins que renfermait le pigeonnier. Celui que vous avez devant vous pouvait contenir 3 000 boulins, c'est à dire 3 000 cavités pour un couple de pigeons, donc potentiellement 6 000 pigeons.
La famille de Guitaut est propriétaire du château depuis la deuxième moitié du dix septième siècle, quand Guillaume de Guitaut épouse Madeleine de La Grange d'Arquien, héritière du château.
Lors de la révolution Française, une grande partie du château sera détruite. De fait le caractère défensif disparaît et les nombreux travaux réalisés sur les deux derniers siècles en ont transformé l'aspect. Pour en savoir plus, allez sur le site du château. Les photos d'intérieur étant interdites, il faut vous contenter des extérieurs.
Le Chateau d'Epoisses recevait régulièrement la visite de Madame de Sévigné, qui venait en voisine puisqu'elle résidait au château de Bourbilly, parfois appelé "Château de Madame de Sévigné".
Regardez bien les cheminées et leur terminaison particulière.
Le château est habité par l'actuelle propriétaire, la Baronne de Crepy, et seules quelques pièces sont proposées à la visite.
Tout autour de la salle des gardes, les écussons des différentes familles qui furent propriétaires forment une sorte de frise.
Hugues de Rabutin obtient le domaine par son mariage à Jeanne, fille naturelle de Claude de Montagu, en 1467.
Madame de Sévigné était sa petite fille.
Françoise de Grignan, sa fille, en héritera à la mort de sa mère, en 1696.
Chacune des pièces visitées est d'un style différent. Dans la salle à manger on trouve du mobilier de style Louis XIII et un plafond adéquat.
L'extension dans laquelle se trouve le salon a été rajoutée. Ses murs moins épais et ses grandes fenêtres en font une pièce très claire. Les lustres (un gros au centre et 4 périphériques) ont été réalisés spécialement en cristal de Murano.
Une partie du château brulât en 1952. La chapelle qui était à l'étage sera reconstruite, mais avec le parti pris de rompre avec le style précédent.
Clin d'œil dans cette chapelle: l'autel en bois compte 11 pieds. Chaque pied porte le nom d'un apôtre. Le pied manquant est celui de Judas.
En attendant le guide, je tombe en arrêt (enfin c'est une manière de dire, car j'étais assis) sur une paire de gargouilles étonnantes, tant par leur matière que par leur coté factice.
Madame de Crecy passant justement par là, j'en profite pour lui signifier mon étonnement devant ces fausses gargouilles en zinc. Elle m'indique alors qu'il y en a deux de plus, mais abimées à la suite d'une chute. Selon le guide, il se pourrait que Violet Le Duc, bien connu pour les libertés qu'il prenait lors des restaurations, soit à l'origine de ces appendices plus Gothiques que Renaissance.
Sur le chemin du retour au gîte, j'utilise un petit bout de la RN6, maintenant devenue route historique.
Quoi donc de plus naturel que de s'arrêter devant un des restaurants les plus célèbres de Saulieu?
Pourtant Titine n'était pas seule.
Le lendemain, c'est par le Château de Chastellux sur Cure que la journée commence. J'en avais aperçu les toits de loin lors d'une ballade à pied l'avant veille.
Plus on se rapproche du château, plus il est impressionnant. Il est dans la même famille depuis son origine. Depuis le douzième siècle, il y a des liens très forts entre la famille de Montréal (village de la collégiale du début de l'article)et la famille de Chastellux.
François Jean de Chastellux participera à la guerre d'indépendance des Etats Unis. Ce point d'histoire a, encore aujourd'hui, toute son importance, vous le verrez plus loin.
A la vue des écuries, une question me taraude l'esprit: n'y aurait il pas quelques voitures anciennes cachées derrière ces portes? C'est le syndrome de la sortie de grange...
Il y en en a une mais une hippomobile! Cette calèche, ou wagonnette, était encore utilisée pendant la guerre de 14-18 pour aller à Avallon. Ce ne sont pas les 15 kilomètres qui séparent Avallon de Chastellux, mais le dénivelé qui inspirent le respect.
Autre souvenir du passé: cette chaise à porteurs utilisée entre 1722 & 1742. C'est le blason en cuir qui permet de dater, puisque à chaque changement de propriétaire, les armoiries évoluaient pour prendre en compte la nouvelle branche de la famille.
Le château est habité à l'année par Philippe de Chastellux, depuis qu'il a fait valoir ses droits à la retraite. Il était dans la réalisation et la production cinématographique.
Pour en savoir plus sur un châtelain qui lutte pour sauvegarder un patrimoine, allez sur le site suivant, c'est très parlant!
La ressource traditionnelle du château était ses forêts. Le bois coupé était acheminé sur Paris par flottaison sur la Cure, l'Yonne et la Seine.
Ce que je peux vous dire, c'est que le château est pour partie en fort mauvais état. On ne visite que certaines pièces et les photos de l'intérieur sont interdites.
Au milieu de la cour d'honneur, vous remarquez une fontaine. Le bassin est en un seul morceau. Imaginez son poids et la difficulté pour l'apporter sur ce piton sans le casser...
Sans fortune personnelle, il est impossible de maintenir un tel patrimoine immobilier en bon état. C'est là que les relations nouées entre l'ancêtre de la famille, qui s'est battu pour l'indépendance de l'Amérique, et George Washington, servent encore, puisque c'est du mécénat américain qui a permis de refaire une partie des bâtiments.
Tous les propriétaires ne sont pas à la même enseigne. Grille fermée pour ce château privé, semble t il en très bon état: C'est le château de Menou, dans la Nièvre. On peut imaginer que les propriétaires n'ont pas besoin de subventions pour l'entretien et les réparations...
Par contre, à quelques encablures de là, au fond d'une petite vallée verdoyante, on découvre le château de Corbelin.
Quand on remonte au XIII siècle, Corbelin était un site sidérurgique ou ont travaillé jusqu'à 250 ouvriers. Rien de ce passé industriel ne subsiste. D'une manière générale, cette région de la Nièvre se meurt....mais là n'est pas le sujet.
Ce château est privé, mais l'on peut en visiter assez librement les jardins et une des tours. Les occupants en sont les propriétaires depuis 20 ans, et durant cette période, un travail gigantesque de rénovation - restauration a été mené.
J'ai eu la chance d'avoir pour guide le jardinier qui m'a expliqué, entre autres, la rénovation des tours.
Les tours du XV siècle ont été totalement refaites par des artisans qualifiés. Elles comprennent deux niveaux, transformés en pièces d'agrément.
Sous la charpente cathédrale, un salon bibliothèque.
Au rez-de chaussé trône le billard.
Par ailleurs, le jardin, inexistant il y a 20 ans, a bénéficié du label "Jardin remarquable". En le parcourant, on note en effet sa jeunesse.
Juste en face, se dresse la chapelle Notre Dame de Septembre. Créée au milieu du XIII siècle, elle sera transformée par la suite en bâtiment agricole jusqu'au milieu du dix neuvième. Rachetée par la commune en 1995, elle sera reconstruite et ouverte au public à l'occasion d'évènements comme l'exposition du jour.
Mais il n'y a pas que la charpente qui est exposée: des artistes graveurs et peintes amateurs regroupé autour de l'amicale des graveurs Nivernais proposent un échantillon de leur art.
J'évoquais un peu plus haut la désertification des campagnes Nivernaises.
Pour en finir avec les châteaux croisés, je ne résiste pas à l'envie de vous parler d'un monuments très méconnu, non visitable, mais que je trouve charmant: Le château de Vesigneux, à proximité de Lormes.
Voyage sympa dans une région très riche en culture et bien moins connue que le val de Loire. 650 Km au total et plein de souvenirs.
La vie de Château en 2 CV
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