Du Gâtinais au Var en Hotchkiss J1
En septembre prochain se tiendra la vingt-neuvième édition du rallye annuel de l'Association des Clubs de Marque. A tour de rôle, chacune des onze marques propose aux autres membres un circuit sur quelques jours dans une région de son choix. La date est laissée à la discrétion de l'organisateur.
En 2019, c'est l'Amicale Salmson qui est aux commandes. Ce sera une escapade dans le Var, et plus précisément à Saint-Raphael.
Si certains préfèrent ne pas prendre de risque et acheminer leur voiture sur plateau, en ce qui me concerne, je décide d'y aller par la route, sur quatre jours. L'idée est de faire du tourisme hors des sentiers battus des routes nationales devenues à mon goût un peu trop "tendance".
Une fois arrivée sur place, la voiture y stationnera dans un garage fermé et sécurisé pendant le reste de l'été.
Le voyage aurait pu se faire en trois jours, mais avec le recul et les températures caniculaires on ne peut que se féliciter d'avoir raccourci les deux dernières étapes. La première sera la plus longue (402 km). Deux raisons à cela:
Afin d'éviter le flux important des départs en vacances, c'est le dimanche matin que nous quittons le Gâtinais pour rejoindre la Puisaye: Saint-Fargeau et Saint-Amand-en-Puisaye sont rapidement atteints par des routes maintes fois explorées à vélo. A noter aussi que c'est à Saint-Fargeau que nous avons participé à notre premier rallye du club Hotchkiss.
Le commentaire de Chamousette: Je commençais à trouver le temps long! depuis le retour de Nogaro, on m'avais laissée sans activité! Je comprends qu'il faille me ménager mais avec 400 kilomètres je ne vais pas battre de record!
Nous longeons le Morvan par l'ouest pour atteindre Autun, ville d'Art et d'Histoire et premier site gallo-romain du nord de la Loire. Première pause touristique.
De son patrimoine exceptionnel, reflet d’une histoire prestigieuse engagée il y a plus de deux millénaires, et parmi la dizaine de vestiges visibles, je vous propose de nous arrêter sur une des trois portes: la porte Saint-André, à l'est de la ville, en direction de Langres et Besançon.
Les deux portes latérales étaient destinées aux piétons. Celles du centre, aux chariots. Il est amusant de constater qu'à l'époque Gallo-Romaine, le concept de ce que les anglais nomment "dual carriage way" existait déjà!
Pour ce qui est de la tour de flanquement que vous voyez à droite, elle trouve son origine dans les tours romaines qui, construites en saillie des murs et dans le cas présent des portes, permettaient de prendre l'ennemi de flanc.
Autun-Augustodunum fut la capitale des peuple gaulois éduen. Viollet-le-Duc à contribué à la restauration du monument.
Autun bénéficie d'un magnifique plan d'eau alimenté par des ruisseaux. Lieu de pêche mais aussi de détente, le plan d'eau du Vallon sert d'écrin au Triathlon d'Autun.
A mi-chemin entre Autun et Châlon-sur-Saône, le Château de Couches nous invite à une pause. C'était un point de contrôle stratégique de la route entre les deux ville précédemment citées.
Bâti au XIIe siècle, le domaine est constitué de plusieurs bâtiments dont le plus haut et quasiment le seul à pouvoir se visiter est la Tour Carrée. Représentation de la puissance du maître des lieux, ce donjon était le lieu de vie de la famille seigneuriale.
"Une thèse soutient que la reine Marguerite de Bourgogne, répudiée par le roi Louis X le Hutin, ne serait pas morte, comme nous l'apprend l'historiographie la plus fréquente, en 1315 à la prison de Château-Gaillard mais qu'elle aurait été recueillie dans le plus grand secret par sa cousine Marie de Couches et serait en fait morte en 1333, d'où le nom de château de Marguerite de Bourgogne couramment donné à la forteresse"
A chaque étage sa fonction: de bas en haut la salle des gardes, la salle à manger puis la chambre à coucher.
En longeant la muraille, on trouve cette aile dont la partie centrale est occupée par la chapelle. (photographies interdites à l'intérieur).
A l'arrière du château, du jardin grillé par le soleil, c'est la vision d'ensemble qui présente le plus d'intérêt à mes yeux.
Du 12 au 14 juillet le Château de Couches proposait, dans le cadre des "Médiévales 2019", un véritable voyage culturel au XVe siècle ! Pendant trois jours eurent lieu des reconstitutions de la vie médiévale (campements d’artisans, forgerons, tailleurs de pierre et animations sur l’époque médiévale).
Deux témoins de cet évènement sont toujours présents au moment de notre passage: une catapulte et cette reconstitution en miniature du navire "Santa Maria", l'un des trois bateaux utilisés par Christophe Colomb pour sa première traversée de l'Atlantique en 1492.
Par contre l'accès aux souterrains est possible, et même recommandé.
La particularité de cette entrée réside dans le plafond en arcs successifs décalés. Cette construction intelligente permet, dans le noir, d'anticiper les marches en touchant le plafond.
Le corps de logis du château de Couches a été construit entre 1844 et 1848 dans un style néogothique.
Au printemps 2018, les enduits, la charpente et la toiture ont été refaits. Il a fallu trente cinq mille tuiles vernissées!
Nous reprenons notre route. Châlon-sur-Saône, Tournus et Mâcon sont rapidement laissés dernière nous. Chamousette fonctionne bien si ce n'est un rechargement insuffisant de la batterie. La température d'eau ne dépasse pas les 80°. Tout va bien.
Nous rentrons dans les Dombes à l'architecture en briques très caractéristique des régions sans pierre. Une pause hydratation s'impose car la température monte et nos organismes souffrent. Châtillon-sur-Chalaronne semble une évidence. Partis le matin de la Venise du Gâtinais, nous ne pouvons pas ne pas nous arrêter dans cette petite cité de caractère surnommée localement la "petite Venise".
Au XIVe siècle la ville était ceinturée de murs. Des entrées il ne subsiste que la porte de Villars. Elle a conservée sa galerie à machicoulis, les bras du pont-levis, les coulisses de la herse et les gonds des portes.
Nous trouvons refuge à l'abri du soleil de deuxième moitié d'après midi, à proximité des halles. Elles ont été construites au cœur de la cité en 1440, et reconstruites à l'identique en 1670 après un incendie. Toute la charpente est en chêne dont l'origine est la forêt de Tanay (21).
L'église Saint-André (1431 - 1500) jouxte les halles. Une simple petite rue les sépare. Le matériau de construction de base reste le carron, brique de pays, agrémenté de pierre blanche des bords de Saône et du Revermont (contreforts du Jura). La tourelle de l'horloge que l'on observe à droite a été conservée au fil des agrandissements successifs.
Dans les chapelles latérales, les clefs de voute portent les blasons des familles ou corporations qui les avaient demandées.
Un détail rigolo, les agenouilloirs sont repliables pour faciliter le passage des fidèles.
Un tour dans la ville permet d'apprécier la conservation du patrimoine architectural. Carrons et colombages à tous les étages.
La journée s'achève non loin de là dans l'hôtel Golf de Villette-sur-Ain. Le calme est assuré au milieu des soixante quatorze hectares de verdure. Le bâtiment est une ancienne maison de notable, mi habitation, mi ferme.
Chamousette est toujours en légère décharge. Les treize ampères ne suffisent pas à équilibrer la production et la consommation d'électricité. La nuit permet de recharger la batterie.
En haut d'un vallon voisin du golf se dresse le château de Richemont. Sa construction débuta à la fin du XIIIe siècle, sur décision de Girard de la Palud, un chevalier dont l'un des fils fut patriarche de Jérusalem. Au fil des successions et des incendies, le château, à l'architecture défensive typique de l'époque, ne conserve plus que ses quatre tours d'angle.
Pendant que nous soupons en terrasse, Chamousette se repose en bonne compagnie. Mais qui est donc cette belle auto semble se demander ce majestueux cervidé.
Le commentaire de Chamousette: Mais quelles sont ces manières de me comparer à un camélidé? Et puis je signale que je n'ai qu'un réservoir, donc c'est à celle d'un dromadaire qu'il faudrait comparer ma soif! Quant à ce beau mâle, qui me regarde avec convoitise, j'espère qu'il est bien attaché car je ne voudrais pas qu'il raye ma peinture avec ses bois!
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