Du Gers en Creuse en Hotchkiss
Eh oui, le Rallye National du club Hotchkiss est terminé. Chacun se prépare à quitter Nogaro pour rentrer dans ses foyers. Selon le temps disponible et la distance, le retour va se faire par la route ou sur plateau. En ce qui me concerne ce sera par la route sur deux jours, en évitant autant que possible les routes prises lors de la descente.
Mais, me direz-vous, ce retour s'est passé il y a bien longtemps! Oui, car je viens de me rendre compte que ce reportage était resté dans les brouillons et n'avait pas été achevé. Après quelques semaines de repos rédactionnel, je vous le propose. Et puis, en ce mois de janvier, voir le soleil redonne le moral.
Le commentaire de Chamousette. " Excuse que cette histoire de brouillon! Certains vieillissent moins bien que d'autres, c'est tout!"
Une fois sorti de Nogaro, le premier arrêt est à Agen, plus précisément à la gare SNCF pour y déposer ma copilote qui va voguer vers d'autres horizons.
En arrivant à Agen, je découvre que le pont-canal de Briare (45) n'est pas unique puisque la Garonne est aussi enjambée par un pont-canal. Si l'on compare les deux ouvrages, celui de Briare date de 1896 alors que celui d'Agen est de cinquante-cinq ans son ainé. Le plus jeune est aussi le plus long.
Si ce pont-canal est nettement moins long que celui du Loiret, il mesure quand même 539 mètres. Il est par contre un mètre plus large. Ses côtés servent de piste cyclable et de parcours de santé.
Pour trouver le village de Pujols et sa forteresse, j'ai dû par contre ferrailler un moment avec le GPS et la carte routière, car nous sommes loin des grands axes. Attention, nous sommes ici dans le Lot-et-Garonne. Il existe aussi un village du même nom dans le département de la Gironde! Quant à l'inspecteur, rendu célèbre dans la série TV "Les brigades du tigre", Pujol ne prend pas de S.
En Celte, Pujols signifie "lieu élevé". Construit sur un éperon, à l'aplomb (188 mètres!) de la vallée du Lot et de son affluent la Masse, ce patronyme lui va comme un gant, pour qui vient du bord de mer!
A la gauche de la porte nord se trouve l'église Saint-Nicolas, directement intégrée dans les fortifications. Notez par exemple que le clocher protège la tour d'entrée. On n'y accède pas par l'église mais par un escalier de type "à vis de Saint-Gilles", comme expliqué par le croquis ci-dessous. Le nom provient d'un exemplaire trouvé dans l’ancienne abbaye de Saint-Gilles (Gard).
Dans l'église en elle-même je n'ai rien trouvé de spécial, sauf ces vitres latérales qui ont éveillé ma curiosité.
J'ai cru un instant que le chemin de ronde, inaccessible au public, procurait non seulement une vue sur la campagne avoisinante, mais aussi sur l'église, et que pour des raisons pratiques et/ou de sécurité, l'espace avait été vitré. Il semblerait plutôt que c'étaient les loges du seigneur.
C'est jour de marché et la place et les ruelles sont remplies d'étals.
Perpendiculairement à cette rue, au bout de la rue du Temple (seule cette rue rappelle qu'il y a eu un temple un jour), à l'abri de la foule, se dresse l'église Sainte-Foy-la-Jeune, en référence à une autre église, Sainte-Foy-la-Vieille, détruite au XIXe siècle. Datée fin XVe, début XVIe siècle, elle est d'un style gothique tardif!
Le plus remarquable dans cette petite église, ce sont les fresques du XVe siècle, peintes sur les murs de deux chapelles latérales. Certains m'ont fait la remarque que je visitais tous les châteaux et toutes les églises rencontrées sur mon passage. C'est un peu vrai, mais la richesse de notre patrimoine architectural est telle que j'aurai tort de m'en priver. Et puis sur fond des transcriptions d'Accentus, je reste dans le thème.
C'est en suivant la route qui mène à Périgueux que je fais halte dans la petite ville de Castillonnes. Nous sommes sur l'arrondissement de Bergerac. Je cherchais une bastide. J'en ai trouvé une, fondée en 1259 par Alphonse de Poitiers, et pas n'importe laquelle à en juger par un poème de Brunel:
Comme dans toutes les bastides, la place est entourée de maisons aux arcades ombragées.
Et nous voici arrivés à Périgueux. Ce qui saute aux yeux en arrivant, c'est la cathédrale Saint-Front, construite en haut du quartier des rues neuves. Ce quartier devenu insalubre a été détruit entre 1950 et 1972, mais la cathédrale, quant à elle, est toujours en place. La restauration, débutée en 1852 par l’architecte Paul Abadie (qui fera plus tard le Sacré-Cœur à Paris), va durer cinquante ans.
L’édifice perpétue le souvenir de Saint-Front, évangélisateur du Périgord vers le IVe ou Ve siècle, dont il tire son nom.
Si son plan en croix grecque l’apparente à Saint-Marc de Venise, c’est l’église des Saints-Apôtres à Constantinople qui a servi de modèle. Ses cinq coupoles sur pendentifs (assoir une coupole sur un carré à l'aide de triangles incurvés) laissent au visiteur une impression singulière d’espace et de légèreté. Ce type d'architecture est aussi dit byzantin parce qu'il fut utilisé primitivement dans l'art paléochrétien d'Orient (Constantinople).
Sur la photo qui suit, on voit bien les pendentifs qui relient les piliers à la coupole.
Si une grande partie du quartier a été détruit car insalubre, il reste quand même quelques maisons à colombages autour de la cathédrale.
Savez-vous ce qu'est un eschif ? Je vous propose celui de Creyssac. S'il est aujourd'hui détaché, c'était à l'époque un poste de guet entre la ville et la rivière.
Nous poursuivons notre route en direction de Limoges. Nous sommes à la frontière entre le Périgord vert et le Limousin.
Au fil des kilomètres je passe devant le magnifique et impressionnant château d'Excideuil. Une partie est privée tandis que le reste appartient à la commune.
De sa position surélevée, la forteresse était idéalement positionnée pour surveiller le passage entre Périgord et Limousin. Construite au XIIe siècle, la forteresse est la seule de la région à posséder une tour carrée.
Par deux fois, Richard Coeur-de-Lion assiègera la forteresse.
Cette partie est publique, mais non visitable. C'est une des entrées. On retrouve bien le style des maisons du Périgord.
Le commentaire de Chamousette. " La position dominante est également bien pratique pour me démarrer sans solliciter le démarreur et la batterie"
Il faut maintenant rejoindre l'étape du soir, sur la commune de la Souterraine, dans le département de la Creuse. Pour avoir déjà séjourné dans la ville, j'ai opté pour un endroit calme avec une place de stationnement sécurisée pour la voiture.
Le commentaire de Chamousette. " Attention, je tiens à corriger cette maladresse de langage. Il n'est pas dit que le centre de La Souterraine est mal famé, mais l'hôtel habituel n'a pas de parking. Par contre, nous serons loin des boulangeries qui vendent le fameux gâteau creusois! Il faudra y retourner!"
Château Lezat est distant de la Souterraine de sept kilomètres par de petites routes, en direction du nord et de la RN 20. Pour tout vous dire, on n'y passe pas par hasard car c'est quand même un hameau isolé et en plus en cul-de-sac.
C'est un couple franco-britannique qui, de retour de Londres, s'est installé dans la maison de l'ancien médecin. Il en a fait un gîte. Considérant l'éloignement du restaurant le plus proche, une table d'hôte est proposée sur réservation.
L'architecture de la maison me fait un peu penser aux maisons de vacances de la côte normande. L'ensemble ne respire pas la simplicité, mais dégage du charme et du caractère. Personnellement, j'adore.
L'intérieur est au moins aussi surprenant que l'extérieur. D'après la maîtresse de maison, il y aurait du style écossais dans cet escalier assez monumental.
Chamousette est prête pour les contrôles d'usage et le biberon, car après nous avoir laissés tranquilles pendant le rallye, la dynamo sous-charge à nouveau.
Le commentaire de Chamousette. " Eh oui, ma dynamo est capricieuse. Mais grâce à la gentillesse des propriétaires, j'ai pu refaire le plein d'énergie pendant la nuit"
Le repas sera pris dans la salle à manger avec un couple de passage comme moi. Ce n'est pas la première fois que j'opte pour un gîte. Si le prix est plus ou moins le même que celui d'un hôtel standard, le cadre est plus chaleureux. Par contre j'éprouve toujours une gêne à me faire servir à table par les hôtes qui ne participent pas au repas et donc à la discussion.
Une bonne nuit dans une chambre immense ne sera pas de trop pour attaquer la deuxième journée du retour dans de bonnes conditions.
Du Gers en Creuse en Hotchkiss
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