Rallye Auto Sport Museum - L'histoire au fil de l'Yonne
Celles et ceux qui lisent régulièrement mes reportages connaissent l’Auto Sport Museum de Châtillon-Coligny. A la base, c’est un Musée associatif, mais Didier Souchère, fondateur et président de l’association, et son équipe se font fort de proposer régulièrement quelques animations aux adhérents.
J’ai eu l’occasion de publier sur les expositions temporaires. Ce sont parfois des concerts et au moins une fois par an une sortie en voiture.
L’invitation lancée par Didier est volontairement imprécise. Nous ne savons pas où nous irons. Sont juste indiqués la distance, environ 200 kilomètres, et le conseil suivant : prendre un vêtement chaud ! Serait-ce un remake de "Voyage en terre inconnue" version quatre roues ?
J’allais oublier : les routes seront sinueuses, toutes les générations de voitures sont les bienvenues, et il faut apporter son pique-nique.
Le rendez-vous est fixé à 8h45 pour un départ à 9h00, le temps de s’acquitter d’une petite contribution pour financer les visites. Rien d’anormal puisque même les non adhérents sont les bienvenus. En contrepartie, un livre de route et une plaque de Rallye sont remis à chaque équipage.
Le décor est planté et les 13 voitures présentes s’ébrouent à l’heure fixée. Enfin, toutes ne s’ébrouent pas car la MGB et la Mini démarrent en pôle position et filent aussitôt comme des balles sans filet.
Avec l’OSI, nous quittons en troisième, mais sans pression. Didier a dit : « si vous lisez bien toutes les lignes du livre de route, normalement vous ne devez pas vous tromper ! »
Une copilote prévenue en valant deux, comme le dit l’adage, il lui faut quand même un certain temps et surtout quelques kilomètres parsemés de cas de figures différents pour s’adapter à la logique de l’auteur. Car voyez-vous, il y a autant de manières d'indiquer la route qu’il y a de rédacteurs. Le parcours a été reconnu avec une Gopro. C’est une très bonne idée, mais toute la nuance réside dans l’interprétation du niveau de détails à communiquer. Dans l’ensemble tout se passe bien, même si certains devront parfois adapter le parcours pour rejoindre les points d’étape. Nous, nous privilégions toujours le complément d’une carte routière pour conserver le cap. C’est parfois fort salutaire.
En fait de routes sinueuses, Didier nous a concocté un itinéraire de cyclotouriste. Pour celles et ceux qui n’ont jamais fait de vélo, en contemplatif soucieux d’éviter les grands axes, et donc les voitures et les dangers qui vont de pair, un cyclotouriste emprunte de préférence les petites routes blanches bordées de vert sur lesquelles il est difficile de croiser un pot de yogourt à moteur diesel.
Le premier rendez-vous est fixé à Escolive-Sainte-Camille, sur le parking du site archéologique du même nom. Peu après le départ du Musée, nous retrouvons assez rapidement nos deux éclaireurs pressés. Ils se sont arrêtés pour prendre des photos.
En arrivant dans le village de Diges, nous tombons sur un monument que mon boitier à clichés m’indique vouloir photographier. Il le fait avec une telle énergie que les cris lancinants d’un bébé dont les tympans soufrent des différences de pression en avion ne sont rien à côté. Pour tout vous dire, c’est ce qui m’est arrivé cette semaine. Non seulement le petit criait, mais la mère, en plein baby blues je pense, pleurait elle aussi mais heureusement en silence. Et comme je rédige ces quelques lignes pendant le vol de retour, et que je sens mon écriture s’élever doucement comme les reliefs des Alpes encore enneigés que nous survolons à l’instant où je vous parle, je ne résiste pas à l'envie de diverger pour vous faire profiter de la vue.
Bref, Devant tant d’insistance, je m’exécute, au grand dam de ma copilote qui nous voit relégués dans le gruppetto de la balade. Mais ne dit-on pas que les derniers seront les premiers ?
Le lieu est étonnant car l’église est collée au château, à moins que ce ne soit l’inverse.
Il s’agit du château de Diges. C’est une propriété privée, inscrite à l’inventaire des monuments historiques. L’origine date du XIIe siècle.
Après quelques clichés, le petit Sony se calme et nous reprenons le chemin de la villa Romaine.
Attention, je ne parle pas ici d’un cabanon planté au milieu des lavandes et autres végétations méridionales, mais de ce qui était à l’époque une grande propriété pour romains fortunés.
C'est à l'occasion de l'arrachage d'un arbre que ces témoignages du passé seront découverts.
Les archéologues sont fascinants par leur capacité à déduire ce qu’était la vie il y a presque deux mille ans en analysant les cailloux et les vestiges retrouvés dans les fouilles.
Je ne vais pas m’étendre ici sur tous les détails, mais j’ai retenu que l’hygiène de l’époque répondait à des traditions de bains, de raclage de peau, de sauna ou autre hammam, et surtout que la toilette était presque une activité à temps plein. Ce que notre guide, plein d’humour et de savoir, ne me semble pas nous avoir dit, c’est à quelle fréquence les gens « de la haute » se lavaient. Pour ce qui est des esclaves et serviteurs j'en sais encore moins.
Au final, les invasions successives rendront la vie de ces romains aléatoire. Ils préfèreront quitter l'endroit.
Bref, l’ingénierie des lieux était fort bien conçue. Un bémol, cependant, quant à la promiscuité des lieux d’aisance (que ceci est bien dit !). Les concepts m’ont rappelé ceux utilisés dans les étables ! Une dalle, une légère pente, une rigole et un jet d’eau pour nettoyer. Il parait qu’à l’époque les gens étaient moins pudiques ! Admettons !
Nous connaissons tous les tuiles canal. En fait les Romains alternaient une tuile canal et une tuile plate.
Dans un bâtiment en tôle sont regroupés toutes les pierres, sculptures et objets trouvés sur le site.
Après ce voyage instructif dans le temps, et quatre-vingt deux kilomètres, nous rejoignons notre lieu de pique-nique : le camping de … où deux barnums nous offrent un abri contre les rayons du soleil. Chacun s’assied sur un banc. L’apéritif est offert par le club, chacun déballe ses victuailles. Partages et échanges vont bon train. L’occasion de goûter en aveugle, par exemple, une tarte ... à la bière.
L'heure et demi prévue pour le repas passe très vite. Sans même avoir le temps de faire une petite sieste, nous repartons en direction des Carrières d'Aubigny où nous arrivons après avoir réalisé cinquante kilomètres supplémentaires. Nous somme dans la région de Forterre dans le département de l'Yonne.
Autant vous le dire tout de suite, ce site mérite le détour, pas uniquement parce qu'il a obtenu le Trophée du Tourisme en Bourgogne, mais surtout du fait de son originalité et de la qualité de sa mise en valeur. 50 000 visiteurs sont venus sur les trois dernières années.
On ne sait pas dater exactement le début de l'exploitation de ces carrières de calcaire, mais des pièces romaines y ont été trouvées. Elles étaient à l’effigie de Domitien II, Empereur en 81. La région en compte seize. Plus aucune de ces carrières n'est en activité, le béton ayant supplanté la pierre. Celle que nous avons visité n'a jamais été exploitée autrement que manuellement. Un travail titanesque.
Je ne vais pas ici rentrer dans les détails, car le site internet de la carrière est très complet. Retenez que cette carrière se déploie sur un hectare et demi. Les blocs extraits ont servi à construire de nombreux bâtiments comme le Louvre, l'Hôtel de Ville de Paris, les pieds de soutènement de la tour Eiffel … mais aussi en local le Palais de Justice d'Auxerre, la rotonde de Montargis...
"Pour extraire un bloc de pierre, on dit un blot, le Carrier balançait la lance et creusait deux tranches verticales sur une profondeur d’un mètre. Ensuite à l’aide de l’aiguille tenue à deux mains, il effectuait la tranche en plafond. Enfin à nouveau avec la lance, il creusait une large tranche basse appelée le four.
Exécuter ce travail sur un blot de cinq tonnes demandait cinq à six jours.
Au cours de la deuxième étape, l’ouvrier encastrait des coins de bois sec dans une des tranches verticales. L’atmosphère de la carrière est saturée en eau à 80%. Les pièces de bois absorbaient l’humidité ambiante et gonflaient. Elles poussaient le blot sur le côté, et celui-ci se cassait dans sa partie arrière au fond des tranches. Le bloc basculait en avant, sur les chandelles, des morceaux de pierre installés par les carriers pour amortir la chute du blot". (extrait du site www.carriere-aubigny.com)
La carrière est aussi un endroit de taille de pierre par les Compagnons du Devoir Unis et par les Tailleurs de Pierre de la Société des Compagnons Tailleurs de Pierre des Devoirs.
Devant le public, les compagnons produisent des oeuvres. L'exemple qui suit a pris dix ans, en y travaillant deux fois par an, pour l'Ascension et la Toussaint. C'est un escalier à noyau creux et à deux limons hélicoïdaux avec ornementations.
Regardez bien cette Rosace. Regardez plus large. Cherchez un petit détail, fruit de l'humour du tailleur. On nous dit que ce genre de plaisanterie était fréquent. Je vais observer les églises avec un autre regard!
Les carrières se succédaient. Le passage étroit a été réalisé pour permettre une meilleure ventilation.
Au final nous repartons tous vers une dernière halte à Bleneau. Selon son lieu de résidence, chacun décide de la route à suivre. L'OSI a bien digéré les 260 km. Très belle journée.
Rallye Auto Sport Museum l'histoire au fil de l'Yonne
© Eric Nicolas 2021. Site créé par l'Astrolabe 🚀
Bonjour Eric,
J'ai toujours autant de plaisir à lire tes articles!
A bientôt
Merci.