Musée BMW Munich
Quand vous avez rendez-vous chez le client, que vous avez une paire d'heures à tuer, et que le musée de la marque est situé juste à côté de la salle de conférence, forcément l'envie de visiter ce lieu rare devient une évidence. Vous avez devant vous le siège social. Il date de 1973. L'architecte a voulu faire référence à un moteur quatre cylindres. Le bâtiment est classé monument historique de Bavière.
De nos jours l’emblème BMW se compose de trois couleurs, le bleu, le blanc et le noir. La couleur noire est synonyme d’élégance et d’excellence, le blanc représente la pureté et le charme. La couleur bleue signifie la puissance et la fiabilité des produits. Les quatre quartiers représentent une hélice en rotation pour rappeler le passé de constructeur de moteurs d'avions.
Au fil des années le logo BMW a peu changé. Celui de cette ancienne affiche a été crée en 1923. Le premier date de 1916. Il était très similaire mais les lettres et les cerclages dorés étaient plus fins.
A l'intérieur, le musée frappe par l'espace, la verticalité des véhicules exposés et par le côté un peu futuriste de l'architecture.
Dès le tourniquet franchi, on remarque cette, comment dire, sculpture, oeuvre d'art ou machin. Tout est en mouvement. Est-ce un symbole d'innovation? Sur une surface de 5000 m2, le musée se décompose en deux grandes parties: les salles d'exposition des modèles remarquables de la marque et une partie consacrée à l'innovation et à la mobilité. Avez-vous remarqué que le mot "Mobilité" est maintenant mis à toutes les sauces?
Mais Bayerische Motoren Werke AG, c'est aussi des motos. Cette affiche date de 1920.
Spectaculaire ! Il n'y a pas d'autre mot pour décrire le mode de rangement des motos. Le bâtiment est constitué de niveaux qui laissent la place à des hauts murs. Un peu comme dans une ruche ou un pigeonnier, les motos s'agglutinent dans les deux axes. Ce n'est sûrement pas très pratique pour les ranger ou les récupérer, mais l'effet est garanti.
A l'origine (1916), BMW produisait des moteurs d'avion, mais les motos arrivent bien avant de produire des automobiles qui ne seront commercialisées qu'à partir de 1930. Et vous avez sous les yeux le premier modèle: la R32 (1923 à 1926). On trouve déjà le "flat twin", ou boxer, qui va, et continue à, identifier la marque pendant longtemps.
Parmi les dizaines de modèles en exposition, je vous propose quelques exemplaires choisis. Si vous souhaitez avoir plus de détails sur l'évolution de la marque, je vous conseille le site suivant.
Plus récemment, en 2010, Ayrton Badovini est sacré champion du monde dans la catégorie Superstock 1000 (motos distribuées dans le commerce avec des modifications limitées comme l'huile et les ressorts de fourche) au guidon de la fameuse BMW S1000RR. L'Italien assure la réussite de la marque en remportant la totalité des courses de la saison.
Pour revenir à l'ADN de la marque, les moteurs, une salle leur est consacrée, avec une enfilade de versions.
En 1965, le patron du département course et développement moteur de BMW, Alexander Von Falkenhausen, achète cette Brabham BT7 et bat plusieurs records en 1966. Ces succès vont convaincre la direction de BMW de participer aux compétitions de Formule 2. Comme quoi l'initiative d'un homme peut provoquer des réactions en chaine.
Mais si l'on revient en arrière, la première voiture produite par BMW est la 3/15. Ce ne sera pas une vraie création, puisque BMW rachète la société Automobilwerk Eisenach qui produisait sous licence des copies d'Austin 7. Elle est nommée Dixi. DA signifie 'Deutsche Ausführung' ou version allemande.
Après avoir apporté des améliorations à la 3/15, BMW conçoit sa première voiture: la 3/20.
En moins de dix ans on observe une énorme progression entre les petites Dixi précédentes péniblement motorisées par un petit quatre cylindres de 747cc et ce très beau coupé 327/28 de 1938. le 6 cylindres ne cube que 1971 cc, mais le constructeur offre ici une voiture de toute beauté, même si, à titre personnel, je trouve la forme des ailes un peu pataude.
Comme toujours chez BMW, le nom de la voiture rappelle la cylindrée. Je vous présente maintenant une 335 de 1938. C'est la plus grosse cylindrée construite avant la guerre par le constructeur. C'est justement la guerre qui va stopper le développement commercial du modèle qui ne sera produit qu'en 410 exemplaires,
L'avant est bien plus profilé et harmonieux sur ce remarquable exemplaire BMW 328 de course. Je lui trouve un petit air bestial.
Et voici une version cabriolet de 1938. Les phares sont moins exorbitants. Les ailes sont soulignées par une légère arrête. Le double haricot trône au milieu du nez. La voiture sera présentée pour la première fois lors des Jeux Olympique d'été de 1936 à Berlin.
Sans rivaliser avec le luxe des plus prestigieuses concurrentes anglaises, l'habitacle du touring n'en est pas moins dénué de sportivité, et je trouve la manométrie à fond clair sur un tableau de bord en aluminium du plus bel effet.
Le style Ponton caractérise cette BMW 502 de 1954 redessinée sur les bases de la 326. Les marchepieds disparaissent et les ailes se prolongent dans les portières. Celles-ci sont en ouvertures antagonistes. Tous modèles confondus il ne sera construit que 10 000 exemplaires de cette limousine. Il faut savoir que les 501 et 502 seront les premières véritables voitures que BMW va pouvoir produire après la guerre.
Après la guerre, une partie des usines BMW se retrouve dans la partie de l'Allemagne contrôlée par les Russes. L'usine de Munich a subi de gros dégâts. BMW ne peut, dans un premier temps, que reprendre la fabrication de motos. Quand la production reprend avec les 501 et 502, la concurrence est terrible et les comptes de l'entreprise plongent dans le rouge. Saviez-vous que Mercedes propose même de racheter BMW?
Quand on sait qu'aujourd'hui BMW fait partie du club des marques premium, il est amusant de se souvenir que c'est en partie grâce à l'Isetta que l'écusson à l'hélice existe toujours.
l’Isetta de l'Italien Isomoto se vend mal en Italie et BMW rachète la licence de l’Isetta pour l’Allemagne et le Royaume-Uni. Comme pour la Dixi, la voiturette est améliorée. Le monocylindre deux temps est remplacé par un monocylindre quatre temps de 247cm3 qui équipe les motos BMW.
BMW met ainsi sur le marché un nouveau concept de véhicule économique propre, peut-être, à solutionner les problèmes de circulation et de stationnement en milieu urbain. Il est étonnant de voir comment l'histoire se répète: n'était-ce pas le concept de la Smart ?
Au final l'Isetta se vend mal. Wolfgang Denzel, importateur de BMW en Autriche prend l'initiative (encore une fois) de faire réaliser une carrosserie par le designer Italien Giovani Michelotti afin de créer une voiture en utilisant le châssis et le moteur de l'Isetta 600: c'est la BMW 700. Elle sera produite à 180 000 exemplaires durant ses cinq années de commercialisation.
Malgré un petit moteur de 700 cc, et sans doute grâce à des solutions techniques performantes comme des suspensions à roues indépendantes, une direction à crémaillère et une boîte de vitesses à synchros (Porsche), la voiture se distingue en rallye.
Dans cette salle, le musée restitue les grandes étapes des berlines de 1966 à 2006, c'est-à-dire depuis la 1600 jusqu'à la série 335. Quarante ans de berlines sportives s'affichent devant vous.
La BMW 2002 fait resurgir des souvenirs. C'était la deuxième voiture d'un ami. La première, une R8, a rapidement terminé sa vie dans le fossé d'un rond point. A 18 ans on n'est pas forcément préparé à des propulsions un peu joueuses.
Il passa des heures à lui donner un aspect body buildé à coup de polyester et de ponçage. 100 chevaux c'était bien, mais la consommation n'était pas en rapport avec les moyens d'un jeune étudiant.
On avance doucement dans le temps pour atteindre le début des années 70. Avec son six cylindres de 2985 cc, la BMW 3.0 CSI abat le 0 à 100 en 7,7 secondes. En compétition, cette auto remportera de nombreuses victoires.
En fait la carrosserie de cette 3.0 de 1975 paraît plus crédible dans le rôle de voiture de course, je vous l'accorde, d'autant qu'il n'y a pas que le costume. Le six cylindres développe la bagatelle de 430 CV.
Une des curiosités de ce musée est la collection d'oeuvres d'art déguisées en voitures. La dénomination exacte est BMW Art Sport Cars. On doit l'idée à André Poulain, pilote et commissaire priseur, qui a imaginé de créer un lien entre les voitures de sport et l'art visuel. Le premier artiste à avoir mis l'idée en pratique est Alexander Calder. Le musée propose les quatre premières voitures ainsi décorées.
Il y aura en tout dix neuf pièces uniques. Après la voiture peinte par Alexander Calder, c'est Franck Stella qui s'y colle. La décoration est faite de papier millimétré. Puis c'est Roy Lichtenstein qui peint un lever et un coucher de soleil sur les portières, évoquant le cycle cosmique des 24 heures (du Mans bien sûr).
Puis ce sera au tour d' Andy Warhol. En 1998, Wolinski embellit la carrosserie de la Porsche GT2 de jolies filles qui prennent un bain de soleil. Vous comprendrez que celle-là n'est pas au musée BMW!
Celle que vous admirez maintenant est une réalisation de Jeff Koons, artiste nord américain. Travail fait tout à la main.
Mais, comble de la coïncidence, une exposition sur ce thème se tient du 13 mars au 5 avril au BMW Brand Store, 38 avenue George V, 75008 Paris. Evitez juste les samedi, car le quartier est mal fréquenté en ce moment. Faites vous plaisir.
Joli musée avec des motos et des voitures que l'on voit rarement en France. Et puis le centre de Munich est sympa.
Musée BMW Munich
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