Courtenay Auto Moto Passion en Sologne juillet 2018
Il y parfois des moments où l'on se dit que rien ne pourrait aller plus mal, et qu'avec le recul, rester couché eut été une alternative judicieuse.
En début d'année, le bureau du club de Courtenay établit un programme des sorties de l'année. Par la suite, des aléas peuvent contraindre à modifier les dates. Jusque là rien de grave, me direz-vous. Les enjeux ne sont pas importants. C'est tout à fait exact.
Bref, la sortie Sologne prévue en juin est reprogrammée, un peu tardivement, et du coup les membres inscrits sont rares. Entre les empêchements des uns et les caprices de voitures des autres, nous nous retrouvons à trois couples de fidèles, mais dans deux voitures car la Plymouth donne des signes de faiblesse. Qu'à cela ne tienne, la brave Chamousette propose le moelleux de sa banquette arrière. On peut aussi faire du co-voiturage en ancienne!
Nous verrons plus loin que les caprices de nos anciennes ne vont pas s'arrêter là.
Direction la Sologne et plus particulièrement La Ferté-Saint-Aubin, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Orléans.
En plein milieu de La Ferté, l'embrayage de mon Hotchkiss décide de lâcher. La pédale est morte! On pousse la voiture sur le bas côté. Mais comme la chance sourit aux innocents, et que nous ne sommes qu'à un peu plus d'un kilomètre de notre première destination, nous décidons de traiter le problème plus tard.
Hors repas du midi (car la gastronomie est un facteur important de la réussite d'une virée dominicale) nous avions deux objectifs pour cette belle journée:
Gérard Veignal est un carrossier à la retraite qui a une âme de collectionneur. Des voitures, certes, mais aussi de nombreux objets. A la vente de son activité professionnelle, il a construit un bâtiment destiné à regrouper toute sa collection. Et si l'endroit se nomme, "La Grange Rétro", le local n'a rien d'une grange. Il est neuf, isolé, fort bien agencé et protégé.
Si ce lieu qui illustre la passion d'un homme est assez connu, car figurant sur la liste du guide des collectionneurs auto, il se trouve qu'aucun des participants de cette promenade CAMP ne le connaissait, sauf votre serviteur.
La première voiture qui attire l'attention de Marcel est cette Simca coupé Bertone 1200 S. Il y a une raison à cela: Marcel possède la même, et est venu avec! Occasion inespérée de jouer au jeu des différences. Cette voiture, Gérard l'a acquise d'un monsieur qui l'avait installée dans son salon!
Aux côtés de la Simca, une voiture rouge beaucoup plus rare, puisqu'il s'agit d'une Luc Court.
Cette voiture était la propriété du colonel Raoul Maes (un des anciens maires de La Ferté-Saint-Aubin). Alors que toutes les autres personnes désireuses de lui acheter sa voiture avaient échoué, Gérard Veignal, en 1963, s'est vu accorder le privilège de l'acquérir moyennant 125 francs, et l'engagement de la lui présenter une fois restaurée. Cela équivaudrait à 170 € actuels, mais cela représentait à cette époque toute les économies du couple Veignal.
Dans son livre, "Une vie de collectionneur" Gérard Veignal raconte non sans humour les péripéties rencontrées lors de la récupération de la voiture; en cause Eugène, le gardien du château.
Les plus attentifs d'entre vous ont déjà vu cette auto: au salon d'Orléans. Dans le reportage du 19 mars, j'expliquais, pour l'occasion, en quelques mots, l'origine de la Société Lyonnaise Luc Court. Son fondateur, du même nom, laisse son usine à l'abandon pendant la seconde guerre mondiale pour ne pas avoir à collaborer avec l'armée allemande. Il meurt en 1942 à l'âge de 80 ans.
La Renault Vivaquatre qui suit appartenait à un commerçant de la commune. Elle a été construite l'année de naissance de l'épouse de Gérard. Quand on sait que l'homme ne s'est pas remis de son veuvage, on comprend son attachement à ce modèle KZ7 de 1934.
Mais tout bon musée se doit de présenter une Hotchkiss. Et La Grange Rétro ne fait pas exception à la règle, d'autant que Gérard Veignal fut, en son temps, membre du club de la marque.
Contrairement à la Luc Court, cette fois c'est la propriétaire qui vint au garage, à la fin des années 70, pour proposer la voiture: une Hotchkiss AM de 1924, carrossée par H.Morlet à Courbevoie. Attention, l'offre n'est pas gratuite car Madame De Foucauld en demande quand même, dans un premier temps, la modique somme de 30 000 Francs.
Une fois restaurée, cette voiture participera à des concours d'élégance comme celui de La Baule.
C'est un très beau Torpédo parfaitement restauré et que j'ai croisé lors de la parade des arrière-grand-mères d'Orléans en juin 2016 (voir les articles des 25 et 26 juin). Le moteur est un 4 cylindres.
Mais au delà des voitures, La Grange Rétro est surtout un regroupement de tout un tas d'objets, dont en particulier une très belle collection de vélos, dont ce modèle Michaux de 1869, qui n'est autre qu'une draisienne à pédales.
Curiosité que ce vélo Métropole (Belge) pourvu d'une transmission par cardan en lieu et place d'une chaîne traditionnelle.
Lister tous les objets relèverait du dictionnaire, mais ce petit appareil est totalement décalé dans la société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd'hui et qui jette tout ce qui est un tant soit peu abimé.
Bref, à l'issue de la visite, nous avons droit à une dédicace sur le livre de Gérard Veignal: "Une vie de collectionneur". Le premier livre de la bibliothèque du club!
Un coup de fil à l'assistance de mon assurance, et Chamousette est remorquée vers un garage local, pendant que nous déjeunons. Un taxi nous ramènera à la maison après la visite du château.
De son coté, Gérard Veignal nous conduit aimablement jusqu'au restaurant réservé qui se trouve à l'opposé du village. Nous prendront l'apéritif ensemble. Cet homme est touchant de gentillesse.
Bref, une fois l'estomac rempli, nous nous dirigeons à pieds vers l'imposant château de La Ferté-Saint-Aubin. Construit dans un parc de 40 hectares, sa construction remonte au XVI et XVII siècle.
Les frères Guyot (Jacques et Michel) sont bien connus dans le monde des sauveurs de château:
En 1979, à Saint-Fargeau, le château de la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, est dans un état d’abandon et de délabrement extrême. Ses deux hectares de toiture percés de toutes parts ont fait fuir tous les repreneurs potentiels. Sans argent, les deux frères, âgés de 28 et 32 ans relèvent le défi.
C'est en 1987 que Jacques Guyot acquiert le château de La Ferté-Saint-Aubin.
Plus tard, en 2011, c'est au tour du château de Bridoire, dans le Périgord, d'être sauvé par la famille Guyot. Ils sont aussi à l'initiative de la construction du château de Guedelon.
Au moment du rachat, une des ailes des communs est restée en l’état depuis l'incendie de 1944. 60 ans de végétation ont envahi le bâtiment. Les écuries sont couvertes de tôles ondulées et la charpente est soutenue par des étais pour éviter qu’elle ne s’écroule. Les toitures sont à remplacer sur plus d’un hectare et l’état intérieur du château nécessite une restauration générale. Chacun des droits d'entrée des 50 000 visiteurs annuels finance l'équivalent de quatre ardoises.
Les écuries du château abritent une belle collection de harnais.
On visite le château de la cave au grenier. On y trouve, entre autres pièces, la cuisine historique.
Les petites madeleines au miel sont devenues la spécialité du château de La Ferté-Saint-Aubin. Une dégustation, accompagnée d’une explication des techniques culinaires de l’époque, est proposée les dimanches après-midi et jours fériés ainsi que tous les jours en juillet et août.
Parmi les 15 pièces meublées, j'ai retenu la salle à manger pour l'élégant camouflage de son évacuation de poêle.
Au premier étage, ce qui fut, à une époque, la salle de garde propose aux visiteurs une collection de jeux anciens. En faisant des recherches, je me suis rendu compte que ces jeux étaient de nos jours toujours disponibles à la vente.
Le but du billard Nicolas est de préserver son camp (représenté par le trou placé en face de soi) et d'envoyer la bille de liège chez les adversaires en la déplaçant par le souffle de sa poire. Chaque bille logée dans un trou compte un point perdant au joueur qui l'a reçue. Le gagnant est celui qui aura donc marqué le moins de points.
Celles et ceux qui connaissent le château de Saint-Fargeau savent la qualité de sa charpente. Ici aussi on visite cette partie du bâtiment, mais une partie a été refaite.
Egalement sous les toits, deux grands espaces sont dédiés, l'un à la reconstitution d'une épicerie d'antan, l'autre à une exposition d'outils anciens.
La journée s'achève sans plus d'ennuis. Merci à Bernadette, Huguette, Jean Pierre et Marcel pour avoir répondu présents et pour avoir gardé le ressort nécessaire à mon problème de ressort.
Que ceux qui s'inquiètent à propos de la santé de Chamousette se rassurent: elle va bien et est prête pour le rallye du Club des Marques les 7, 8 et 9 septembre du côté de l'abbaye de Fontevraud. Un grand merci à Super Patrick qui a su, une fois de plus, traiter efficacement le sujet.
Courtenay Auto Moto Passion en Sologne juillet 2018
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