Faites de la Nationale 7 2018 à Pougues-les-Eaux
Ce n'est plus l'office du tourisme de Pougues-les-Eaux qui organise l'évènement de la Faites de la Nationale 7, mais une association locale nouvellement créée: "J'aime Pougues". Qu'à cela ne tienne, le rassemblement n'a pas marqué le pas, puisque ce sont pas moins de 650 voitures qui étaient inscrites pour cette quatrième édition. Comme toujours, certaines ne viendront pas, mais seront largement compensées par les autos qui rejoindront les convois, sans pouvoir pour autant se garer en centre ville.
Peu nombreux sont les membres du CAMP (Courtenay Auto Moto Passion) qui ont répondu à l'invitation. Enfin, peu est un euphémisme, puisque nous ne serons que deux voitures à participer! Le rendez-vous est donné à Bernadette et Jean-Pierre sur le parking des établissements Basty de Montargis. Chamousette remplace au pied levé Sisette, l'OSI qui présentait la veille des signes de fuite au carburateur.
Cette année, les organisateurs proposent deux points de ralliement: Pougues-les-Eaux avec un petit circuit autour de la ville, ou Neuvy-sur-Loire, plus ou moins à mi-chemin entre Briare et Cosne-sur-Loire (connue dans la région pour sa centrale nucléaire), sur la RN7. Nos deux autos rejoignent le point de rencontre en moins d'une heure.
Des bénévoles nous guident sur un parking périphérique.
Voisines de stationnement : deux Rosengart de 1938. La première, verte, est une LR4 N2 coupé. La rouge est également une LR4 N2 Coach. Pour ceux que cela intéresse, la marque Rosengart, à l'occasion de ses 90 ans, sera mise à l'honneur à La Baule les 14 et 15 août prochain. Une vingtaine des membres du club participeront à l'évènement. Une Super traction cabriolet qui fut un temps propriété de Johnny Halliday sera aussi exposée pour l'occasion.
De bon matin et malgré une température plutôt fraiche, certains ont osé découvrir. Les deux jeunes filles à l'arrière de cette très belle Renault 4cv sont emmitouflées dans des couvertures: Renault n'avait pas prévu les sièges chauffants sur ses modèles Grand Large!
Les inscrits ont reçu par la poste la confirmation qu'ils sont bien sur les listes, mais il faut maintenant récupérer la plaque de rallye et le livre de route (qui fait quand même 3 pages). La mairie de Neuvy nous ouvre grandes ses portes et nous accueille avec un café ou un jus de fruits accompagnés de viennoiseries.
Le parking ayant une capacité limitée, c'est dans la rue que les nouveaux participants s'agglutinent et se préparent à partir.
Le road-book indique un parcours total de 58 Km pour rejoindre Pougues et annonce 75 minutes. Ce qu'il ne dit pas c'est que des arrêts, de type bouchons, sont aussi programmés. Il nous faudra plus de deux heures pour atteindre notre but. Pour vous donner une idée de la vitesse moyenne, un faux curé solitaire, tout de noir vêtu et coiffé d'un casque modèle béret, peu réglementaire mais sans doute protégé des chutes par la bénédiction divine, et chevauchant un vrai Solex, réalisera le parcours en à peine plus de temps! Eussions-nous été au cœur de l'Italie, c'est en vélo, accompagnée du maire du village, que sa soutane aurait réalisé la petite soixantaine de kilomètres! Tout fout le camp! Tout fout le camp!
Le hasard du positionnement place L'Hotchkiss et la Plymouth en tête de peloton, juste derrière une BMW 2000 millésime 1967, conduite par un membre éminent de l'organisation: c'est lui qui donne la cadence, car il faut faire en sorte que toutes les voitures déjà arrivées à Pougues soient stationnées avant l'arrivée de notre groupeto. Enfin plutôt groupetard que groupeto (dont je n'ai jamais compris le sens puisque les groupeto sont ceux qui franchissent la ligne d'arrivée des étapes du tour de France en dernier).
Et c’est là que le drame a commencé ! ce n'est pas une histoire de canard racontée par Robert Lamoureux, mais l'histoire d'une BMW qui refuse de démarrer après l'arrêt. L'arroseur arrosé en quelque sorte : notre meneur d'allure est bloqué et bloque toute la file!
Le CAMP passe alors à l'action: L'Hotchkiss fournit la puissance électrique supposée manquer et Jean-Pierre ses talents de mécanicien. Les motards qui participent à la sécurité restent pantois devant tant d'entraide et d'efficacité!
Les femmes et les enfants d'abord! Les deux ladies VIP véhiculées dans la BMW sont accueillies à l'arrière de la Gascogne qui du coup passe en tête de convoi! La France bat l'Allemagne à plate bobine!!
Comme il y a deux ans, la fausse maréchaussée est à l'inaction. Parmi ces faux gendarmes, on retrouve des retraités de la gendarmerie, des amoureux de l'uniforme et parfois même des fonctionnaires toujours en activité.
Hasard ou publicité déguisée, quelques voitures de la file stationnent en face d'un club échangiste de la région. La Dodge Dart, décapotable et décapotée, tranche avec le bâtiment aux ouvertures hermétiquement fermée. S'y passerait-il des choses que la morale réprouve?
Bref, nous atteignons les faubourgs de Pougues, et cette fois les bouchons ne sont pas simulés.
Nous lirons dans la presse les estimations de visiteurs, mais le cap des 20 000 aurait été atteint, et peut-être dépassé. La vue de l'avenue de Paris, coté sud, illustre bien l'affluence massive.
Bref, nous finissons par rejoindre les places qui nous étaient réservées et notre meneur d'allure, qui a pu nous rejoindre en voiture malgré deux caprices électriques, nous offre une boisson fraiche, en remerciement des services rendus à la batterie.
L'affiche officielle représente une 4CV. Cela est sans doute du au souvenir des premiers congés payés. De fait les pâtissiers ont repris le même modèle pour leur devanture.
Et des Renault 4cv, il y en a de toutes les couleurs et même de toutes les tailles! Il est vrai qu'il en sera construits 1 100 000 exemplaires entre 1947 (ou elle sera la star du salon) et 1961.
Dans le monde des 3 barrettes, cherchez les différences. Les trouverez-vous?
L'association Nivernaise des Amateurs de Véhicules Anciens (ANAVA) est dans son jardin. Fort de 75 membres et de 200 voitures, ce club est né de passionnés de Pouilly-sur-Loire.
Il n'y avait cependant pas que des Renault 4cv, mais aussi, par exemple, une jolie galerie de Tractions.
On ne peut pas penser vacances sans penser liberté, et penser liberté sans penser Citroën 2cv.
Les 2cv qui suivent appartiennent au ESPRIT 2 CV NIVERNAIS de Saint-Eloi (58). Ce club d'une cinquantaine de voitures a pour vocation d'exposer des 2cv et dérivés.
J'ai trouvé amusant de mettre face à face une Renault Ondine et sa version Gordini. La première fait partie du club des Vieux Volants Vielles Valves. La deuxième est membre de l'A.R.N.
Dans la mythologie germanique et nordique, Ondine est le féminin de génie des eaux, ou baigneuse gracieuse. Chacun aura son interprétation du qualificatif gracieuse!
La Renault Ondine est une Dauphine à la finition plus soignée. L’extérieur de la voiture propose, entre autres, des teintes majoritairement métallisées et un double pare-choc avant visible sur les photos.
Hormis ces grand classiques de la voiture populaire française, cette nouvelle édition de la Faites de la RN7 nous a permis de découvrir, ou redécouvrir, des autos moins courantes, comme cette Vespa 400 de 1957.
Présentée en 1957 comme la nouvelle 2cv française, cette minuscule voiture pouvait bénéficier d'un délai de livraison bien plus court que celui de la Citroën qui était à l'époque de 2 ans.
Pour 20 000 Francs de plus le modèle luxe offrait un pare-brise en verre de sécurité, un klaxon de route et de ville, et un cendrier... Mélange de sécurité et de gadgets. Autre temps, autre mœurs.
La voiturette sera interdite d'importation en Italie.
Le moteur est un bi-cylindres en ligne d'une cylindrée de 393 cc capable de propulser à 90 Km/h les 360 kilogrammes de l'engin. Enfin, le terme propulser est peut être exagéré.
Une voiture également issue du monde des deux roues: cette Honda 800 de 1967. Le 4 cylindres en ligne de 791 cc, gavé par 4 carburateurs, tourne à haut régime (8 000 tours) pour développer 78 CV. Le couple maximum est faible et perché à 6000 tours, mais il est compensé par des montées en régime rageuses.
On change de gabarit avec cette magnifique coach Delahaye 135 de 1936. Concurrente des Bugatti 57 , Hotchkiss Grand Sport 20 CV ou Talbot Lago Baby, cette voiture sera produite entre 1935 et 1952.
La cylindrée va évoluer au fil des années pour passer de 95 à 120 CV. La longueur du capot confirme bien la présence d'un 6 cylindres en ligne. Selon les versions, le moteur sera alimenté par un ou trois carburateurs. Une très belle pièce de mécanique. Pour l'avoir suivie sur le chemin du retour, je vous assure que la voiture fonctionne très bien.
A partir de 1936, la boite électromagnétique Cotal est disponible en option, mais sur cet exemplaire, point de moutardier, juste un levier de vitesse au plancher.
Sur le premier cliché, cachée derrière la Delahaye, vous n'avez pas manqué d'apercevoir une petite auto grise. C'est une Panhard Dyna Junior. Mais sa petite sœur couleur mimosa n'était pas loin. A leur calandre dite "turbine" on détecte deux exemplaires des premiers modèles. Seules 4700 voitures verront le jour. Imaginée pour concurrencer les roadster anglais, le côté minimaliste ne semble pas avoir convaincu les potentiels acheteurs. Club de Annay Rétro.
Toujours dans les petits gabarits, cette très étonnante De Rovin type D4 de 1952, création de Robert De Rovin (marquis de Rovin devrions nous plutôt dire).
Dans la famille De Rovin, il y a Raoul, constructeur français (bien que né en Espagne) de motocyclettes, cyclecars et autres voiturettes, mais qui commence sa carrière comme pilote de motos, puis de Bugatti 35 et de Delage. Du fait d'un joli palmarès en compétition, il est le plus connu des deux frères
Et puis il y a Robert de Rovin, qui reprend les locaux et ce qui reste de l'activité de Delaunay-Belleville à Saint-Denis, et qui, au dire de ce que j'ai pu lire, est l'industriel de la famille.
L'idée générale est de relancer, en cette période d'après guerre (1947) le concept de la petite voiture accessible aux gens modestes. D'un prototype animé par un monocylindre (code D1), on passe à la D2 motorisée par un bi-cylindres de 425 cc refroidi par eau puis aux D3 et D4 légèrement plus puissantes. Il en sera produit 2000 toutes versions confondues, mais dès 1954 la production ralentit puis s'arrête en 1959, face à la concurrence de la 2cv et de la 4cv.
Dans la famille Simca, je vous propose une petite pause sur ces modèles rutilants. De droite à gauche, une Simca 5 de 1936, et deux Simca 8 cabriolet 1200 respectivement de 1949 et 1950. Sans prétendre ici refaire l'historique de la collaboration entre Fiat et Simca, retenons simplement que le point commun entre ces deux modèles est qu'ils ont été initialement conçus en Italie par Fiat, et produits en France.
Dans la chronologie de la gamme Simca, c'est l'Aronde, ou Simca 9, qui va remplacer la Simca 8. A coté des Simca 1307 - 1308, le club Simca France expose un modèle Sport de 1954.
La Simca 9 sport est conçue sur la base du soubassement de la nouvelle Aronde, sur laquelle une carrosserie de coupé est montée. La ligne est signée des stylistes de Facel-Metallon et de Simca,
Il faut attendre le début des années 60 pour voir apparaître la Simca 1000 et un an ou deux plus tard la Simca 1000 coupé comme le bel exemplaire rouge ci dessous. A ses côtés, en bleu métallisé, son évolution, la 1200 S dont le dessin initial de Giorgio Giugiaro est retouché par Marcello Gandini.
Un autre exemplaire de la Simca 1000 coupé (modèle 1965) était niché dans le groupe du club des Vieilles Soupapes Morvandelles.
Mais à Pougues, un individu à l'allure un peu suspecte circule au milieu de la foule en réalisant des facéties à travers l'imitation de François, le facteur incarné par Jacques Tati dans le film "Jour de fête".
Deux avant-guerre étaient à vendre: la première est une Peugeot quadrilette 172 BC de 1924, la deuxième est une Citroën 5HP de 1926.
Considérant le nombre de voitures présentes, ce reportage déjà long pourrait durer bien plus, mais le trop étant l'ennemi du bien, j'ai choisi de ne pas faire d'inventaire complet.
la Chevrolet Corvair rouge ci-dessous est de la deuxième génération. Qui doit on croire? Les membres du Chevrolet Club de France qui présentent sur leur site internet le modèle comme un excellent début de collection, ou ceux qui disent que la tenue de route relative fut le motif de procès à l'encontre de Général Motors?
Ceux qui lisent assidument LVA reconnaîtront peut-être cet ensemble. Une petite photo, vue de dos, en page 20 du N° 1817 illustre sa visite au salon Car Entr'aid d'Amiens.
Stationnée en haut de l'avenue de Paris, on peut s'interroger sur le choix de l'emplacement. Pour tout vous dire, le petit carré d'herbe réservé au rétro camping n'est ni bien grand, ni bien placé, car en plein centre du village et peu propice à un départ anticipé. Bref cette voiture et son histoire sont racontées avec force détails sur le site de son propriétaire: Peugeot 404 Passion.
La journée se termine doucement au pays de la RN7. A 18heures les voitures commencent à partir et nous ne tardons pas à faire de même.
Au retour, une petite halte au relai des 200 bornes, un des lieux célèbres de la route bleue. Boisson en terrasse parmi tous les collectionneurs qui ont fait comme nous.
Belle journée. Merci à Christophe et son épouse pour le repas du midi. Un grand bravo aux organisateurs pour cette première édition en solo.
Faites de la Nationale 7 2018 à Pougues-les-Eaux
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