Rétromobile 2018: plus neuf que neuf
Faut-il dire plus neuf que neuf, ou 9 + 9 = 18? Nous savons tous que celles et ceux qui exposent des véhicules mettent un point d'honneur à ce que l'objet présenté brille de tous ses chromes. Ceci dit, et même si leur stand est une vitrine de leur savoir faire, certains nous présentent des voitures dans un état de perfection tel que l'on se demande si, à la sortie d'usine, il n'y avait pas plus de défauts.
Cette remarque ne s'applique pas particulièrement à cette magnifique Fiat 508 CS Berlinetta "Mille Miglia" de 1935 exposée sur le stand du club Fiat de France, même si elle est très belle.
Pour tout vous dire, je suis tombé en fascination (comme diraient nos cousins du Quebec) devant l'aérodynamisme de ce modèle! Certes le capot, s'il avait été plus long, aurait fait bénéficier l'allure générale d'une plus grande majesté, mais tous les détails illustrent une grande recherche dans le profilage (pour son époque).
Une autre rareté que cette Alfa Roméo Giulia GTC de 1965. GTC signifie Gran Turismo Cabriolet. Cette voiture fut construite à 610 exemplaires seulement par le carrossier "Touring Superleggera". Le modèle présenté est d'autant plus rare qu'il possède une conduite à droite. Il ne sera produit que pendant 2 ans, pénalisé par un prix élevé et la concurrence de la Duetto lancée en 1966.
Sur un site internet spécialisé dans les voitures anciennes, on peut lire l'expression "musée vivant" appliqué aux vendeurs et restaurateurs. Je vous pose la question: un musée doit-il présenter des voitures en état d'origine ou reconstruites à la perfection?
Axel Schuette est un négociant allemand de voitures exceptionnelles. Celle-ci est en effet sublime. Tellement sublime qu'il n'était pas possible de l'approcher.
On le savait déjà en lisant la presse spécialisée, mais j'ai été frappé par l'importance des stands constructeurs, dans le but évident de promouvoir leur activité de restauration. Ici encore, l'excellence est de rigueur. C'est à cela que l'on s'aperçoit que l'automobile de collection est devenue un vrai business.
Sauf que chez Jaguar, il s'agit de la première reconstruction des 25 type D 2018. Quand l'ancien rejoint le neuf.
Cette Talbot Lago est issue de la collection privée de l'Aventure Automobile de Poissy. Construit en moins de 20 exemplaires, ce coupé América de 1962 fait partie des 5 carrosseries trouvées dans l'usine, en attente de moteur, lors du rachat de la marque Talbot par Simca en 1958.
Chez Aston Martin, tout est sublime. Clin d'œil à la série "Amicalement votre" avec la couleur "Banana Yellow" de la DB6 (Brett Sinclair utilisait une DBS de la même teinte) mais mon coup de cœur va à l'AMV8 Vantage de 1987. A vendre.
Chez Lamborghini, le secteur de restauration qui existe depuis environ 2 ans se nomme: "Polo Storico Lamborghini". La restauration de cette somptueuse P400 a nécessité 10 mois. Du travail de très haute volée, conformément à l'origine et en n'utilisant que des pièces d'origine.
Produite à seulement 764 exemplaires de 1966 à 1973.
Côté Land Rover, j'ai retenu ce Land Rover série 1 totalement restauré par le constructeur.
Certains carrossiers de renom font aussi état de leur savoir faire. C'est le cas de Tessier (Chambray les Tours) qui a reconstruit la carrosserie de cette Delahaye 135 M de 1939, s'inspirant du concept de "goutte d'eau" de Joseph Figoni.
Autre réalisation française avec cette Delage D6 3 litres de 1936 re carrossée par Figoni après ses très bons résultats au Mans de 1937.
Pour tout vous dire, je m'attendais à mieux pour les 70 ans de la 2cv et les 50 ans de la Méhari. OK, l'éclaté accroché au plafond (celui de la 2cv est de l'autre coté du stand) est une manière originale d'attirer l'attention des visiteurs, mais j'aurai aimé une présentation moins banale..
Ces trois malheureux spécimens ne rendent, selon moi, pas du tout l'hommage espéré à ces monuments de l'automobile populaire ou de loisir.
Sans rapport avec le stand officiel, cette animation didactique qui enrichit le dictionnaire: le Dictactideuch!
Et bien c'est un éclaté de moteur de 2cv mu par l'électricité, qui permet de visualiser les organes en mouvement.
Pendant ce temps là monsieur joue de la gratte, sur fond de Vintage Classic.
Je passe rapidement sur le stand Renault, pour simplement vous faire visiter ce fourgon postal de 1909 réalisé sur un châssis type BD.
A l'inverse des automobiles de négociants costumés, j'ai quand même pu trouver quelques souvenirs du temps passé dans leurs jus. Cette Amilcar Grand Sport Spécial en est un exemple.
Autre modèle qui reflète bien le talent des designers italiens: Maserati Bora de 1972 dont il ne sera produit que 289 exemplaires . Celui-ci est certifié par Maserati Classiche.
Passage incontournable par l'un des deux stands de la FFVE.
Hormis les quelques véhicules exposés, le sujet du moment est le retour d'enquête de la FFVE, dont les principaux points sont:
- Le kilométrage moyen effectué en ancienne est d'environ 1100 kilomètres par an.
- Plus de 80% des collectionneurs sont attachés à la date anniversaire des 30 ans pour le basculement en collection, même s’ils estiment que les véhicules de 20 à 30 ans -les youngtimers- sont logiquement en pré-collection.
- Seul 1/3 des véhicules de plus de 30 ans sont en carte grise de collection.
- Les Diesel ne représentent que 5,9% des véhicules collectionnés.
- Les avant-guerre sont peu représentées, 7,7% du nombre de véhicules.
- Seuls 46% des collectionneurs sont certains de pouvoir rouler en 2040. Les autres s'inquiètent.
Je vous incite aussi à lire le dernier N° (27) de la revue FFVE: l'Authentique" .
Authentique N°27 Hiver 2017-2018
Il y a quelques mois, à l'occasion d'un covoiturage, j'ai rencontré une jeune femme qui travaillait pour la fondation du patrimoine. Elle m'avait alors expliqué que des véhicules anciens pouvaient être éligibles à des aides pour restaurer.
J'ai trouvé sur ce Rétromobile 2018 deux exemples qui le confirment. Cette motocyclette bordelaise 1927 de marque Faret a été restaurée par le moto club Bordeaux avec l'aide de la Fondation du Patrimoine. Depuis 2008, 45 véhicules ont été sauvés grace au partenariat Motul - Fondation du Patrimoine.
Autre exemple, cette étonnante Maratuech de 1922. Fernand Maratuech, fort épris d'aviation, n'avait pas les moyens de construire un avion, et dut se contenter de cet "avion sans aile", animé par un moteur BSA de 250 cc.
Comme tous ceux qui sont allés au moins une fois à Rétromobile le savent, on trouve des stands dont le rapport avec l'auto ou la moto ancienne est aussi tiré par les cheveux que les blagues inscrites dans les papiers Carambar.
Bref, le cirage de pompes est gratuit, alors pourquoi s'en priver?
Et puis bien sûr, depuis quelques années, il y a le coin des artistes, avec encore une fois une fascination sur le personnage de Steeve Mc Queen.
En résumé, un salon riche en voitures aussi magnifiques qu'inaccessibles pour le commun des mortels.
Un peu comme un défilé de top modèles.
Rétromobile 2018
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