Exposition Lucas Huni à Rétromobile 2017
Dans le LVA N° 1755 il est écrit que l'exposition Huni est une des plus belles de ce Rétromobile 2017. Je suis d'accord avec ce commentaire: des autos exceptionnelles, tant par leur rareté que par leur état proche de la perfection, trônaient sur l'espace Lucas Huni, négociant basé à Zurich. Rêve pour le public. Pour information, les voitures exposées n'étaient pas à vendre. Elles appartiennent à des collections privées.
Peu de diversité de marques: cette année c'était Bugatti et Bentley et uniquement Bugatti et Bentley.
Pour commencer, faut il refaire l'histoire de cette type 57 Atlante ? Mythe, chef d’oeuvre, monument de l’histoire automobile .... on ne tarit pas d'éloge sur cette formidable auto dont seuls trois exemplaires seraient encore en circulation. Le S signifie surbaissée. L'assemblage est réalisé par rivetage.
Attention les amateurs de potins mondains vont être servis: cette auto a une histoire quelque peu mouvementée: Propriété de René Chatard qui, bien qu’amateur de Bugatti et pilote à ses heures, utilisait dit on ses automobiles comme outil de conquête…féminine. La voiture était immatriculée au nom de Béatrice Schneider, une de ses maitresses, (pour être cachée de son épouse).En 1955, c'est accompagné d’une autre amie, qu'il rencontre malencontreusement un train, en traversant un passage à niveau non gardé, près de Gien, et trouve la mort. C'est benêt et vous admettrez que pour ce qui est de la discretion, ce ne fut pas brillant!
Mise sous scellés par la SNCF pendant près de 10 ans, période mise à profit par la légitime et la maitresse pour s'affronter, l'auto est récupérée par Paul André Berson, reconstruite en utilisant les pièces intactes puis cédée à Nicholas Seydoux en 1977, mais sans lui vendre les pièces endommagés et le moteur d’origine. Mr Berson entreprend alors de construire une réplique de l’Atlantic avec les restes. De son côté, Nicholas Seydoux (Films Gaumont) peu satisfait de l’état de son Atlantic, la fait restaurer, dans les ateliers Lecoq.
En 2006, 57473 quitte la collection Seydoux pour intégrer celle d’un collectionneur européen, qui, désireux de lui rendre plus de lustre encore, la fait à nouveau restaurer chez Paul Russel (le restaurateur de l’Atlantic de Ralph Lauren). Les pièces d’origine délaissées par Berson dans les années 60 et certaines parties de la réplique mise en pièce pour l’occasion sont réutilisées. Il n’y a donc plus qu’une seule 57473 aujourd’hui, qui a retrouvé sa livrée grise de 1955. J'espère que vous avez suivi!!!
Pour info c'est Paul Andre Berson qui a déposé la marque BNC, et devinez quoi, il l'a fait à Montargis!!
Une autre voiture exceptionnelle: actuellement propriété d'un collectionneur américain discret, cette 57 Atlante a fait l'objet d'une profonde restauration ce qui fait dire à certains que c'est la plus belle existant à ce jour....
Par rapport à la 57473, l'empâtement est plus long et donc l'arrière plus profilé
De droite à gauche, un type 55 Jean Bugatti Roadster de 1933. A la demande de clients qui voulaient une synthèse entre performances et élégance, le constructeur proposait un modèle qui est en fait proche d'un type 51 avec une caisse basse et une absence de portes (juste une échancrure). La voiture exposée est présentée comme une des plus authentiques car non restaurée si ce n'est la peinture et la sellerie.
La bleu est un type 43 grand prix. Ici encore Bugatti a mis le moteur 8 cylindres de la 35B dans une élégante carrosserie 4 places. C'était une des premières voitures à atteindre sur route les 180 Km/h !!!! Certains l'ont utilisée en compétition.
Cette Brescia, est équipée d'un 4 cylindres de 1453 cc 16 soupapes. Une fois livrée neuve à Londres, une partie de son histoire n'est pas totalement connue. Des recherches sont toujours en cours. Elle aussi a fait l'objet d'une restauration.
La type 59 Grand prix serait selon certains la plus belle voiture de Grand Prix du fait, certes de sa ligne, mais aussi des détails esthétiques apportés comme le chassis perforé ou ses roues type "corde à piano". Si les résultats de cette auto ne furent pas à la hauteur des attentes, ce serait à cause des budgets illimités que l'Etat Allemand accordait sur la même période aux Mercedes. Le principal pilote d'usine fut René Dreyfus.
La Bugatti type 54 est la plus puissante des Bugatti de course. Son 8 cylindres de 4,9 litres développe 300 Cv. Revers de la médaille, la voiture avait la réputation d'être incontrôlable et donc dangereuse.
Sur un total de 12 construites, seules 5 existent toujours, et je note qu'aucune n'est exposée dans la collection Schlumpf du Musée National de l'Automobile à Mulhouse.
Pour conclure, le modèle exposé n'a jamais participé à des courses. Son moteur avait été retiré et remonté sur une autre auto et le chassis conservé dans l'usine. Par la suite un autre moteur sera remonté.
Passons maintenant à quelques unes des Bentley, comme cette Bentley Blower GK150 coachwork Le Mans Sport. Pour résumer, Bentley était dans la course à la cylindrée. Malgré cela il lui était devenu difficile d'être compétitive.
Sir Henry Ralph Stanley Birkin, dit Tim Birkin, est un pilote automobile britannique et l'un des Bentley Boys. En 1929, il remporte les 24 Heures du Mans avec Woolf Barnato au volant d'une Bentley 6½ Litre. Son idée pour rendre les Bentley plus performantes, est de leur adjoindre un compresseur. Malgré le doute quant à cette solution de Walter Owen Bentley, le fondateur de la marque, 50 "Blower Bentley" voient le jour à des fins d'homologation.
Si les performances de la voiture sont bien réelles avec une vitesse de pointe de plus de 200 Km/h, la fiabilité n'est pas au rendez vous sur une course d'endurance comme les 24 heures du Mans.
La voiture exposée est l'une des trois construites aux spécifications du Mans, voisines de la voiture de Tim Birkin, avec entre autres choses, un réservoir de 190 litres que l'on voit bien à l'arrière.
Mais qui est donc ce Woolf Barnato? Joel Woolf Barnato surnommé « Babe », est un pilote automobile anglais et l'un des Bentley Boys. En 1926, il finance la société Bentley Motors à hauteur de 100 000 livres sterling, et en devient le chairman et le principal investisseur. Il faut dire qu'il avait hérité de mines de diamant en Afrique du sud. Avant cela il avait été le premier pilote à remporter Le Mans trois fois de suite, en 1928, 1929 et 1930.
La voiture lui sera livrée en 1931 et il l'utilisera pour son mariage et sa lune de miel.
Retour dans le monde de la compétition avec un exemplaire de la fameuse "Speed six" 6 cylindres de 6,5 litres, qui a battu la Mercedes SSK.
Rolls Royce rachètera Bentley en 1931 sans que W.O. Bentley le sache. Le projet était de construire une voiture qui allie à la fois le luxe et les qualité d'une Rolls et la sportivité des Bentley. C'est ainsi que naquit le concept de "Silent Sport Car"qui deviendra le benchmark des années 30.
W.O.Bentley commença sa carrière comme ingénieur dans le ferroviaire. Rien ne le prédisposait à gagner les 24 heures du Mans 5 fois. Entre 1921 et 1926 la marque Bentley produisit 1627 voitures équipées du moteur 3 litres 4 cylindres 16 soupapes. En voici un exemple.
Autour du moteur 3 litres, Bentley proposait 4 variantes de la voiture:
Le chassis HT 1637 est un chassis court Speed Model.
Exposition Lucas Huni à Rétromobile 2017
© Eric Nicolas 2021. Site créé par l'Astrolabe 🚀